On considère que l’invention du cinéma apparaît avec la mise au point du cinématographe en 1895. Mais avant les Frères Lumière, d’autres inventeurs ont exploré la restitution du mouvement.
Présentation : la malle pédagogique pré-cinéma. La malle pédagogique de la Fédération régionale des MJC de Bourgogne-Franche-Comté contient des objets aux noms bien curieux: «thaumatrope», «phénakistiscope», «praxinoscope»… Inventés au XIXe siècle, ces appareils optiques, donnant l’illusion du mouvement à partir de dessins et de photographies, nous permettent de remonter aux origines de l’animation de l’image. Explorons à travers ces objets la période appelée le «pré cinéma».
Le Thaumatrope :
Cette « roue à miracles » est à la fois le plus simple et le plus ancien des appareils optiques. Il se constitue d’un disque dont les deux faces représentent un dessin différent, comme le fameux oiseau et sa cage. En le faisant tourner suffisamment vite, on a l’illusion de voir l’oiseau dans sa cage. En effet, le thaumatrope permet de jouer avec le phénomène de la persistance rétinienne : l’œil et le cerveau unissent des images.
Le Folioscope :
Inventé en 1868 par l’anglais John Barnes, le folioscope est aussi appelé feuilletoscope, feuilleteur, ou encore flip-book. Cet objet optique, sans doute le plus connu, se présente sous la forme d’un livre dont il faut tourner les pages à une certaine vitesse. Sur chaque page, différents dessins ou photographies, en défilant, reconstituent alors l’illusion d’un mouvement.
Le Phénakistiscope :
Le nom du phénakistiscope, inventé par Joseph Plateau en 1832, nous vient du grec : phenax (« trompeur ») et skopein (« examiner »).
Contrairement au thaumatrope, cet objet ne se contente pas de nous montrer une image, mais il donne l’illusion du mouvement. Sur un disque percé de fentes, une séquence d’images fixes décomposent un mouvement (un homme en marche ou un cheval au galop par exemple).
Lorsque l’on se place face à un miroir en faisant tourner le disque, et en regardant au travers des fentes, on a l’impression de voir l’image s’animer! L’espace entre les fentes joue un rôle d’obturateur, alternant la vision des images avec une zone d’obscurité, permettant ainsi de distinguer les images les-unes des autres et créer l’illusion du mouvement grâce à la persistance rétinienne.
Le Zootrope :
L’invention de cet appareil, dont le nom rappelle les termes grecs zôon (« animal ») et tropeô (« je tourne ») est attribuée à deux inventeurs: William George Horner en 1833 et Simon Stampfer, en 1834.
Comme le phénakistiscope, il permet de créer l’illusion du mouvement à partir d’images fixes, mais se présente sous la forme d’un tambour percé de dix à douze fentes, qu’il est possible de faire tourner pour créer l’illusion du mouvement, en regardant les images à travers les fentes.
Ces illusions pouvant être observées par plusieurs personnes à la fois annoncent les prémices de l’image animée et du cinéma.
Le Praxinoscope :
40 ans après l’invention du zootrope, Emile Reynaud, photographe, scientifique et pionnier du dessin animé, s’en inspire pour créer le praxinoscope. Ce dispositif en forme de manège est composé d’une bande de douze dessins placée à l’intérieur du tambour, et en son centre d’une «cage prismatique» : 12 miroirs, dans lesquels se reflètent les images. En faisant tourner l’objet, l’observateur peut admirer dans ces miroirs l’image s’animer de manière fluide. Cette nouveauté permet de simplifier le visionnage par plusieurs personnes.
Reynaud décline cette invention sous différentes formes: la toupie fantoche reprend ainsi le système des miroirs, dans lesquels l’image prend vie quand on fait tourner l’objet.
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L’inventeur fabrique par la suite son «théâtre optique». Associé à une lanterne magique, le praxinoscope sert lors de séances publiques à projeter des «pantomimes lumineuses» sur un écran : le dessin animé est né. Ces projections rencontrent un grand succès, au musée Grévin. Cette réussite est néanmoins supplantée par le cinématographe des frères Lumière. Reynaud finit par revendre son matériel et sombre dans une dépression.