Interview de Pierre Deffontaines, nouveau président de la Maison Maladière

En plus de faire le portrait de nos nouveaux élus, nous souhaitons donner l’occasion aux acteurs de notre réseau régional de s’exprimer sur les initiatives menées localement, comme sur les difficultés perçues en cette période de crise sanitaire.


 • Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ? Quel est votre parcours ?

J’ai 32 ans. Je suis originaire du Nord. Je suis depuis 6 ans à Dijon, où je suis venu faire un doctorat en sociologie. En arrivant, j’ai commencé le théâtre en amateur à la MJC Maladière. Je suis actuellement enseignant-chercheur contractuel. Je donne des cours à de futur.e.s ingénieur.e.s agronomes à propos du fonctionnement du monde social, des relations dans les entreprises, des inégalités sociales et de leur rôle en tant que professionnel là-dedans.

 • En quoi vous investir bénévolement au sein d’une MJC fait-il sens pour vous ? 

Je me sens très proche des valeurs de l’éducation populaire : le partage des savoirs et des cultures, l’émancipation pour toutes et tous notamment par les activités de création et de découverte culturelle, l’engagement solidaire et citoyen… Alors j’ai trouvé important de m’investir dans l’association locale de la Maison Maladière. Pour moi, c’est aussi très formateur. J’ai rejoints un conseil d’administration et des bénévoles qui me transmettent leur savoir-faire, leurs connaissances.

 • Quel rôle occupez-vous au sein de l’équipe et dans l’impulsion des divers projets de la Maison Maladière ? 

Depuis novembre dernier, je suis président du conseil d’administration de l’association locale. C’est une sacrée responsabilité, surtout en ce moment avec les difficultés des fédérations nationales et régionales des MJC et puis avec la crise sanitaire et économique. Nous avons un rôle important pour favoriser la solidarité, les liens entre nous, les débats… Dans le conseil d’administration, ce qui compte c’est la collégialité, que chacune et chacun trouve sa place. Tout en réglant les questions de gestions quotidiennes, il faut garder du recul et laisser de la place à un projet social et culturel collectif.

 • Depuis votre arrivée, quelles actions avez-vous pu mener au sein de la Maison Maladière ? 

Ces dernières années, notre équipe bénévole a beaucoup travaillé à trouver sa place dans la nouvelle structuration de notre MJC. En effet, la Maison Maladière résulte de la fusion en 2017 de la MJC Maladière avec le Centre Social Balzac, qui dépendait jusque-là de la ville. Nous nous sommes attaché.e.s à développer des projets et des espaces pour que les habitant.e.s et les usager.e.s puissent se sentir pleinement partie prenante de la vie de la Maison. Ce n’est pas facile parce qu’avec le temps la MJC et le Centre Social ont surtout fonctionné comme des espaces de services. Or, dans l’esprit de l’éducation populaire, nous souhaitons que la Maison soit un instrument aux mains des personnes qui la fréquentent, un espace d’apprentissage de la vie citoyenne, de l’action collective, voire d’autogestion. Pour cela, nous avons créé des espaces de travail, dans lesquels chacun.e peut apporter ses idées et son enthousiasme et construire cette Maison avec nous. Personnellement, en plus du travail d’administrateur, je souhaite continuer à m’investir dans l’organisation et l’animation des débats citoyens que nous avons commencé à mettre en place à la MJC, sur diverses thématiques (l’homophobie, le racisme, l’écologie…).

 • Quel a été à l’impact des mesures sanitaires et du confinement sur l’activité de la Maison Maladière ?

Les mesures sanitaires et le confinement ont obligé l’équipe de salarié.e.s à réinventer sa manière de travailler. La Maison s’est vidée des activités socio-culturelles en présentiel. Certain.e.s animateur.ices se sont retrouvé.e.s à proposer des ateliers au format virtuel. Fort heureusement, l’équipe est restée sur le pont pour aider celles et ceux qui le demandaient, dans l’accompagnement scolaire à distance par exemple ou pour répondre par téléphone aux personnes qui se sentaient isolées. Une activité de production de masque s’est aussi mise en place, impulsée par la ville. Pour le coup, cette période n’a pas été très favorable à la mise en place des groupes de travail bénévole et à notre ambition de faire participer tout le monde à la vie de la Maison.

 • Durant les deux mois de confinement printanier, avez-vous observé des failles et des difficultés pour le maintien du lien social, qui ont été des leçons utiles pour envisager ce nouveau confinement ?

Ça devient une banalité de parler des difficultés pour maintenir le lien social. C’est vrai que nous ne sommes pas toutes et tous égaux devant le confinement, de par la taille des logements, le nombre de personne dans le foyer, la présence d’un matériel numérique suffisant… Outre le fait d’être présent pour celles et ceux qui en ont besoin, l’équipe se tient disponible pour encourager et aider les initiatives de solidarité qui se sont mises en place d’elles-mêmes. Le second confinement a été plus facile à appréhender parce que nous étions déjà rôdé.e.s. L’équipe avait identifié les besoins. L’enjeu est de continuer à « faire maison » quand les activités ont lieu désormais à distance, chacun.e devant son écran. Les salarié.e.s ont aussi pu maintenir en présentiel l’accompagnement scolaire, mais aussi l’accueil. Et puis bientôt, nous l’espérons, les activités pour les enfants pourront reprendre.

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  Quels sont vos espoirs et ambitions pour l’avenir de la Maison Maladière ?

Nous souhaitons toutes et tous pouvoir reprendre bientôt les chantiers que nous avons laissés en plan avec les confinements. Je n’ai aucun doute que cela repartira et de plus bel après cette parenthèse du confinement. Les défis restent nombreux pour notre petit bout de ville, mais aussi bien au-delà pour la société. J’espère d’ailleurs que notre Maison pourra devenir le terreau de nouvelles initiatives et idées pour changer le monde, ensemble.