Dessiner la MJC Sombardier

  • Comment est née l’idée de ce projet et pourquoi ?

Pendant 50 ans, la MJC de Dole était installée dans un complexe sportif aquatique et culturel place Barberousse ; c’était le siège de la MJC, il y avait des locaux pour certaines activités socio-culturelles et la MJC y exploitait le Studio, un cinéma d’art et d’essai de 200 places. Ce bâtiment a été détruit pour construire un nouveau complexe aquatique et sportif.

La MJC de Dole a donc déménagé au printemps 2018 dans des locaux, toujours mis à disposition par la ville de Dole, un ancien magasin Lidl, rénové pour l’occasion.

Cette solution au départ provisoire est pratique, mais la MJC y est à l’étroit. Dans ses 340m2, la MJC y a installé ses bureaux, 2 salles d’activités et un foyer.

L’autre partie du bâtiment, 550m2, a été attribué provisoirement à l’école municipale des Beaux-Arts. Comme l’école devrait à terme emménager dans des locaux en face du Musée de Dole, le maire de Dole a suggéré à la MJC, au printemps 2019, de lui soumettre un projet.

  • Comment s’est-il organisé et de quelle manière les architectes ont-ils apporté leur expérience ?

Les administrateurs ont voulu se saisir de cette demande pour réinterroger les adhérents sur le projet de la MJC. La démarche se devait donc d’être participative entre les administrateurs, les salariés, les bénévoles, les adhérents, les partenaires.

Nous avions fait appel à un « archi-bénévole », c’est ainsi que l’on surnomme amicalement Thierry Eberhard, un architecte jeune retraité qui met gracieusement à disposition ses compétences pour des projets culturels. Notre « archi bénévole » avait ainsi travaillé sur le dossier de sécurité de nos anciens locaux, déclarés inaptes à recevoir du public par la commission de sécurité. Puis Thierry avait ensuite travaillé avec chacun des salariés pour voir les aménagements simples qui permettraient d’améliorer la vie quotidienne dans la maison. Il avait participé à l’expertise du potentiel d’une garderie d’enfant qui fut à un moment une des solutions envisagée pour installer la MJC. Il a bien sûr participé à l’amélioration – et à coût constant- des plans des locaux rue Sombardier.

Nous disposions aussi dans notre réseau, de 2 adhérents architectes, installés à Dole ou sa région. Et étions en relation avec de jeunes architectes de Strasbourg (concrètement mon fils et une amie), versés dans l’architecture participative.

Pour animer ce moment, nous avons retenu la technique du « world café » ou « café international ». Cette technique d’animation permet d’organiser les adhérents en groupes au fur et à mesure de leur arrivée (on savait qu’ils n’allaient pas tous arriver en même temps) ; elle permet aussi en ayant connaissance des idées des groupes précédents, de capitaliser les réflexions et d’accélérer les prises de conscience, permettant d’arriver rapidement à de meilleures expertises partagées.

Nous avons mis en place 4 binômes architectes/animateurs, chargés chacun d’une problématique :

– le traitement des extérieurs du bâtiment et les accès au bâtiment dans son ensemble
– la salle où on pouvait installer une scène, un écran, recevoir du public, faire du théâtre.
– les 4 salles d’activités (quelles activités, quels aménagements, quelles contraintes, les relations entre les activités de ces salles ? )
– la place des enfants et des publics scolaires dans l’ensemble du bâtiment..

Une fois, que la méthode et les objectifs sont définis, que les moyens (les architectes et les animateurs) sont mobilisés, il ne reste plus qu’à espérer que les adhérents viennent en nombre…

C’est une vraie gageure. Impossible de deviner. Avec le risque de mobiliser des moyens et des compétences pour un résultat aléatoire.

Nous avons donc divisé le risque et demandé à l’animatrice dessin de la MJC, de demander aux enfants de dessiner la MJC, une MJC. Cela nous a fait du joli matériel pour communiquer sur la démarche et ajouter d’emblée une forte dose d’imagination aux propositions !

Nous avons ensuite organisé une réunion de travail sur l’aménagement des locaux entre administrateurs et salariés.

Puis, j’ai fait le tour des ateliers se tenant dans les locaux de la MJC le jeudi, pour présenter la démarche aux adhérents. Et « imposé » autant que peut « l’imposer » un directeur de MJC, la participation au world café le jour J…

Une cinquantaine de personnes sont passés sur l’animation le 30 janvier. Les binômes ont bien fonctionné, les architectes étant chargés d’assurer la restitution en plénière, des propositions des différents groupes à partir des notes prises par les animateurs. La démarche a été conviviale, productive et même plaisante. Ensemble, on est effectivement plus intelligents.

  • Quelles sont les propositions les plus intéressantes et où on est le projet aujourd’hui ?

Nous allons remettre un projet au maire de Dole à notre Assemblée générale d’avril 2020.

Ce projet comportera plusieurs phases

  1. des idées à mettre en œuvre dès maintenant sur l’organisation des abords extérieurs et dans le cadre d’un usage partagé entre la MJC et l’École des Beaux-Arts.
  2. un projet MJC sur l’ensemble du bâtiment avec évocation de pistes pour des projets nouveaux : café associatif, scène culturelle, repair café, tiers lieux ado….
  3. l’étude détaillée de la faisabilité de ces projets quand le déménagement de l’école d’Art sera acté.